Essai de l’Audi R8 V10 Coupé performance quattro

L’Audi R8 V10 Coupé performance est sans doute “surement” la dernière du genre. Quel est l’intérêt pour une supercar comme celle-ci d’avoir un moteur 10 cylindres atmosphérique qui plus est ? Nous nous questionnons de plus en plus sur la mobilité urbaine, l’électrification et tout l’avenir au sens large. Dans ce contexte actuel qui est anxiogène cet essai fut une bouffée d’air.

L’extérieur :

Ce super-bolide allemand a pour grand atout son esthétique extérieure. Le trait est efficace, les lignes saillantes, les volumes sont ciselés et diablement bien étudiés. La face avant est volontaire et racée, avec un bouclier qui s’inspire depuis le dernier facelift de la déclinaison GT3. Les entrées d’air latérales sont grandes et parcourues de blades verticaux. La calandre est moins plaquée dans l’ensemble et s’intègre dans une structure anguleuse, le singleframe se détache même du capot, trois encoches assurant distinctement la transition entre les deux éléments. Ces ouvertures ne sont d’ailleurs pas anodines puisqu’elles sont un rappel de celles placées sur l’Audi quattro de 1980. Les projecteurs conservent leurs signatures lumineuses, avec une ligne supérieure coudée LED et les matrices LED à laser en deçà que l’on distingue par la micro signature lumineuse bleue.

Le restylage de 2018 est encore plus visible à l’arrière. Si la composition générale est la même, avec un ordonnancement des éléments visuels similaires, il demeure que certaines pièces se sont bien modernisées en matière de design. Seuls les feux ne changent pas de dessin. La grille d’aération est agrandie et s’étale de part et d’autre de la face arrière, arborant un motif nid d’abeille revisité. Le bouclier embarque toujours un diffuseur proéminent et intègre désormais de massives sorties d’échappement qui en imposent franchement. Elles rappellent l’Audi R8 GT et le facelift de la première génération d’Audi R8.

De côté, pas de bouleversement : on retrouve les « sideblades » qui couvrent les entrées d’air moteur. La ligne de ceinture est haute tandis que la ligne de pavillon plonge harmonieusement vers l’arrière. La version Performance se distingue ici avec son aileron ou “becquet” arrière intégralement en carbone.

Si l’ensemble est de bonne facture, je note que certains éléments ont un rendu un peu décevant. Je trouve que les coques de rétroviseurs sont un peu trop simples et faites d’un matériel peu noble. Les « sideblades » sur notre modèle d’essai, en finition Audi Exclusive noir brillant, ne me font non plus bonne impression. L’aspect visuel tout comme le toucher renvoient trop à un élément en plastique dur assez quelconque. Je vous conseille franchement de prendre les options Blade et rétroviseurs carbone.

On peut clairement ranger la R8 Coupé V10 performance dans la catégorie des automobiles qui ont de la gueule. Elle en jette, elle interpelle, en témoigne l’effet wahou partout par où l’on passe. Les gens aiment la regarder et la pointer du doigt. Elle est remplie de caractère, racée, avec un petit côté bad boy (comme l’Audi RS 5 Sportback). Elle a l’allure d’une supercar et dégage un sentiment d’être une machine de course prête à en découdre avec n’importe qui sur la route.

L’intérieur :

L’habitacle de cette Audi R8 V10 Coupé performance quattro (on va dire Audi R8) s’articule autour de deux sièges, avec un étroit compartiment de stockage en arrière des sièges, autorisant le dépôt de quelques affaires. Les assises sont de série des baquets habillés de cuir, qu’il est possible de personnaliser en optant par exemple pour une finition cuir fin nappa surpiqué. L’environnement est clairement articulé autour du conducteur ou mono posto comme l’appelle Audi, et repose sur deux éléments forts : le « virtual cockpit » de 12,3 pouces, seul écran à bord, et la console centrale inférieure.

Le tableau de bord centralise quasiment toutes les fonctions contrôlables à bord, hormis la gestion de climatisation, qui est déportée sur la partie supérieure de la colonne centrale. Tout s’effectue via le volant sport ou au travers de la molette centrale, laquelle intègre la fonction touch. Il est possible de choisir entre deux grands modes d’affichage : l’étendu, qui indique les infos secondaires dans toute la largeur (carte satellite, infos divertissement, gestion du périphérique connecté) ; le mode « conduite », qui met en avant le cadran central affichant vitesse et régime moteur. L’accessibilité à l’information est irréprochable, c’est très ergonomique et il est très compliqué de trouver à ce système un quelconque défaut, si ce n’est qu’il manque juste l’intégration d’Apple Carplay.

 

Le volant Performance, qui équipe de série cette Audi R8, est de très bonne facture. Intégralement recouvert de cuir micro perforé, il regroupe toutes les commandes vitales de cette supercar. Outre les habituelles commandes d’infodivertissement, il est possible de changer de mode de conduite sur pression d’un bouton : le mode « Performance » avec le lequel on peut affiner le niveau de désactivation des aides électroniques en choisissant parmi les modes « Snow », « Wet » ou « Dry ». Le carbone synonyme de sportivité est disséminé un peu partout dans l’habitacle. Les sièges baquets de série sont d’un confort correct et le maintien latéral est quant à lui très bon. Le coffre avant autorise un chargement de 112 litres seulement, soit deux sacs à dos bien remplis ou une valise cabine.

Sous le capot :

La rumeur voulait un temps que la R8 accueille un 5 cylindres voire le V6 bi turbo de l’Audi RS 4 Avant, tout comme ce fut le cas pour la première version de 2007 en son sein : les hommes d’Ingolstadt ont coupé court au suspens. Seul le V10 atmosphérique équipera désormais la bête. On retrouve donc le bloc FSI de 5,2 litres, qui développe ici 620 chevaux pour la déclinaison la plus optimisée du moteur. Ce magnifique écrin s’offre un habillage intégralement en carbone qui est du plus bel effet. Toute la puissance est totalement disponible à 8’800 t/min (merci WLTP). Côté couple, la version de base affiche 580 Nm qu’il faut aller chercher à 6’500 t/min. Avec ses 1’670 kilos sur la balance (1480 kilos hors fluides) , on peut en attendre des performances plus qu’intéressantes, et c’est le cas : le 100 km/h s’atteint depuis l’arrêt en 3,1 secondes et la vitesse de pointe culmine à 331 km/h. La consommation constatée oscille entre 11,3 l/100km pour un circuit routier et 21 l/100km pour un parcours sportif. En cycle mixte, la valeur se stabilise autours des 15,8 l/100km.

Au volant :

Cela fait quelque temps déjà que j’attends avec impatience l’essai de cette Audi R8 Coupé V10 performance. Alors que je me vois attribuer le véhicule pour l’essai, mon cerveau fait immédiatement deux bonds en arrière, un au début des années 2010 avec l’essai de la première génération V8 de 420 chevaux et le deuxième lors de mon essai de la deuxième génération à Dresde et Spa avec la version de 610 chevaux. Il fait beau (on a de la chance pour une fois), en avant pour cet essai de 3 jours qui s’annonce sous les plus beaux hospices.

Après avoir scruté les moindres détails de la carrosserie, pour le plaisir, je me décide à monter à bord. Bien calé dans le siège baquet, je mets sans délai en marche la machine. Le V10 se met en branle dans un souffle sourd vigoureux, très dans les basses. Le bruit est fermé mais direct. Tout est en place, je peux donc me lancer dans le vif du sujet.

Les premiers tours de roues me surprennent toujours autant : elle est très facile à appréhender, toutes les dimensions tombent immédiatement dans l’œil. Elle est manœuvrable, elle braque incroyablement court, surtout pour ce type de véhicule. Mode « Dynamic » engagé pour commencer, la boite de vitesse passe en « Sport », et on y va. Le trait atmosphérique du V10 est immédiatement palpable : l’accélération est nette, mais surtout continue. Ça pousse et ça pousse, sans relâche jusqu’à la zone rouge, de manière linéaire. On a alors droit à une poussée supplémentaire de G qui finit de vous visser dans le siège. Le tout se fait dans un habitacle très bien stabilisé et amorti qui filtre bien les irrégularités de la route. L’aspect linéaire de la montée en vitesse est renforcé par le système quattro : je sens que la puissance et le couple passent partout et tirent sans trop dissocier l’avant de l’arrière.

Les premiers virages se présentent. Un coup de volant et la R8 plonge sans broncher dans la corde. Le châssis étant composé à plus de 90% de carbone et d’aluminium, il est léger et rigide et se comporte à merveille. L’avant s’inscrit là où je veux et suit mes manœuvres, même quand je décide de rajouter de l’angle au volant. L’ensemble est incroyablement solidaire, même dans le décrochage. Arrivé dans un gauche avec une allure un chouïa téméraire, au transfert de masse sur l’extérieur, c’est simultanément que l’avant et l’arrière dévissent. Le dimanche, changement de temps, avec de belles et grosses averses… .Malgré les conditions météo en rien favorables, l’Audi R8 paraît extrêmement bien et passe vraiment fort. Il y a tout de même un « mais » : le retour est lisse et me coupe totalement de la route. C’est évidemment très confort, mais je tombe rapidement en désamour avec la direction. Je l’aimerais plus incisive, plus précise, plus consistante, plus course, c’est tout l’inverse qui m’est proposé par rapport à la version post facelift.

Après avoir bien appréhendé la machine, je me décide de passer en mode Performance. La mécanique se raidit, la boîte abandonne toute idée de souplesse. La machinerie devient alors joueuse. Le moteur est rageur, et il faut commencer à s’agripper pour bien passer dans les courbes. L’exercice aurait pu être exaltant, mais le caractère peu communiquant du volant me dissuade. Je ne me sens pas totalement en contrôle de la voiture, à l’aveugle quant aux limites et possibilités de la machine. Prendre en considération les remontées du châssis, c’est sympathique, mais cela m’amuse que 5 minutes. L’Audi R8 en mode “normal” est faite pour tout le monde mais en mode “performance” il vaut mieux être sur de soi et d’avoir déjà des notions de pilotage à mon sens.

Dans l’absolu, l’exercice de pilotage est déconcertant de facilité, à en juger rapidement que c’est même trop facile. La R8 se faufile sans sourciller, en crachant un son caverneux. Les freinages sont extrêmement propres et consistants, et le bolide ne se montre en rien susceptible au transfert de masses alors que j’effleure encore un peu la pédale. Avec un libellé « Performance » dans le titre, je me serrais attendu à quelque chose de plus radical, orienté course et clairement moins GT. De plus, en mode de conduite « Automatique », on a affaire ici au système « Audi Magnetic Ride », qui permet de pouvoir alterner entre suspensions confort et réglage sport pour une conduite plus nerveuse. Idéal pour ceux qui veulent s’économiser de la pression d’un simple bouton.

De retour à une allure normale, je décide de tout simplement partir en balade. La composante sport reste très présente, et le confort ne s’inscrit pas dans la panacée du temple des GT. On peut avaler facilement les kilomètres mais rapidement mon corps appelle à la pause.

Me voici donc balancé dans un sentiment fortement partagé : une partie de moi ne peut que saluer la redoutable efficacité de la machine Audi R8. Le châssis est bluffant, le V10 atmosphérique est un bel élément très bien exploité, la transmission est limpide et d’une efficience remarquable. Mon autre moi regrette, quand je regarde le tout, le caractère au final très médian de cette Audi R8 V10 Coupé performance. Elle ne se distingue pas dans le registre des GT et ne se place pas en pointe dans le domaine féroce des super sportives, certaines concurrentes, dans la même gamme de prix, déploient un arsenal technique plus imposant. Parlons simplement de sa soeur, la Lamborghini Huracan EVO, qui est clairement un monstre de sportivité, d’efficacité et surtout pour sa bestialité sonore.

En conclusion :

J’aurai souhaité une voiture plus radicale (comme l’Audi R8 Coupé GT de la première génération) , plus expressive (comme la Lambo huracan Evo), davantage tranchée dans son approche de la conduite. Je ne peux donc ici la ranger à proprement parler dans la case des supercars, ni dans celle des GT ; simplement l’inscrire dans la colonne des jouets pour grands enfants, dont le plein potentiel n’est appréhendable que sur circuit.

Prêt du véhicule : Merci à Audi Dunkerque pour le prêt de cette Audi R8 V10 Coupé performance quattro.

La vidéo :

Les photos #Audi4Addict :

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